De l’art de l’esquive
Je découvre avec stupeur que chez l’individu de sexe masculin l’apprentissage empirique de la technique de l’esquive débute dès le plus jeune âge.
Fiston, du haut de ses 3 ans, a d’ores et déjà trouvé la parade implacable pour se soustraire à mes exigences.
Ainsi m’a–t-il récemment affirmé que son corps lui disait qu’il ne voulait pas de tomates farcies, ou que -bien que lui soit d'accord- son zizi, lui, ne voulait pas faire pipi dans les toilettes, ou enfin que sa tête n’avait pas sommeil car ce n’était pas son métier de dormir.
Après en être restée bouche-bée un bon moment, j’en suis finalement arrivée à la conclusion que cette capacité à cloisonner les différentes parties de son corps afin de me faire croire qu’elles agissent comme des entités séparées de sa conscience et de sa volonté était, de fait, typiquement masculine.
Je suis certaine que toutes les lectrices trouveront sans peine dans leur expérience personnelle des exemples pour illustrer mon propos.
Mais Fiston ne se dissimulera pas longtemps derrière son ventre, sa tête, son zizi ou je ne sais quelle autre partie de son anatomie, car la détermination, typiquement féminine, elle, ne s’embarrasse d’aucune pudeur quand il s'agit de débusquer les vilains baratineurs.