Du sentiment de gloire
« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » a dit notre ami Corneille, plaçant ainsi le sentiment de gloire dans la sphère élitiste des états d’âmes inaccessibles au simple commun des mortels.
Et pourtant…
Pourtant, comment expliquer que ce matin, alors qu’elle venait de déposer sa fille aînée à l’école et qu’elle s’en revenait chez elle avec sa cadette dans la poussette, là, sur le chemin, dans la lumière du matin, la mère au foyer se soit sentie glorieuse ?
Car oui, il s’agissait bien de ce sentiment de satisfaction profonde teintée de fierté ; ce sentiment d’avoir accompli quelque chose de suffisamment exceptionnel pour être estimé…
Et pourtant…
Pourtant, pas de péril, pas de Cid, pas de guerre ni de combat qui eut permis à la mère au foyer de s’élever au rang des vainqueurs triomphants…
Non, juste le sentiment de réussir à être une bonne mère, de temps en temps…
Sans doute peut-on élever son âme en faisant grandir ses enfants…