De la manière d’apprécier le croissant du dimanche matin
Après 14 ans et demie d’histoire commune, Lui, et c’est pathétiquement navrant, n’a toujours pas compris la manière dont j’apprécie le croissant du dimanche matin…
Le croissant du dimanche matin n’a d’odeur et de saveur que s’il n’existe pas avant d’être là…
J’explique :
Le croissant du dimanche matin ne doit pas s’envisager... il doit se découvrir, il doit être impromptu, surprenant, inattendu, imprévu…
Autrement dit, il doit arriver à point nommé.
Le croissant doit « apparaître » sur la table du petit déjeuner, faire « irruption » dans notre dimanche matin…
On descend, la tête encore un peu embrumée, fatiguée par nos courtes nuits de mère et nos longues journées au foyer…
Et au détour d’un regard, on l’aperçoit, posé là, négligemment…
… Alors, on s’irradie de bonheur, et on trouve immanquablement qu’il n’y a pas de meilleur croissant au monde…
Qu’importe la cuisson, le croustillant, la dose de beurre : on ne lui oppose nulle autre saveur…
Malheureusement, chez nous le croissant n’arrive jamais tel l’ami Ricoré… au bon moment…
Il est annoncé au mieux ; perché, provoqué, suggéré, réclamé, forcé, pilotracté, souvent…
Je vais rarement jusqu’à la supplication à moins d’être en carence depuis trop longtemps…
Il vient toujours après :
« Bon, tu veux que j’aille chercher les croissants, c’est ça ? »
Le genre de phrase sacrificielle qui vous coupe définitivement l’appétit…
Mais à quand les croissants qui arrivent comme par magie…
Je vous le demande ?