De mon île déserte
Voilà près d’un an maintenant que j’ai levé l’ancre et largué les amarres…
Un matin d’hiver, j’ai senti cette petite bulle d’air doucement me soulever… alors j’ai pris la mer.
Je me suis accrochée à elle comme à une bouée et lentement, j’ai commencé à dériver.
Sans cesse m’éloignant, j’ai suivi les courants, et je me suis laissée portée jusqu’en haute mer…
Et puis une nuit, sous la rotondité lunaire, j’ai perdu les eaux et j’ai accosté…
J’ai échoué sur la plage d’une île désertée.
J’y ai trouvé un abri, un refuge, et je m’y suis installée…
La vie sur mon île s’écoule depuis, douce, calme et tranquille…
Les soucis y sont aussi légers que le vent qui balaye le haut des palmiers.
Le quotidien y est fait de choses aussi petites que les grains de sable de la plage.
Et sur le rivage, l’écume des jours, lentement, se dépose au creux des coquillages…
De temps en temps, du bout de ma lorgnette, je regarde la côte au loin.
J’aperçois le tumulte et je crois entendre le brouhaha de la vie là-bas…
Il m’arrive d’avoir, avec un peu de nostalgie, le mal du pays, néanmoins le plus souvent, je songe avec appréhension au temps où il me faudra quitter mon petit bout de terre et reprendre la mer…
Mais je ne rentrerai pas seule au port… car sur mon île, j’ai trouvé un trésor…
Et qu'importe les marées, dans ma vie de mère, je le sais, il sera mon ancre et ma bouée.